Projection – débat

Cinéma et Anthropologie, Cinémas du réel et de l'invisble - Penser l'image et le monde

Le cinéma n’est véritablement un art que s’il rend capable de témoigner, non seulement pour notre temps, mais pour les temps morts entre les événements ; s’il restitue au temps son travail, son attente quand les hommes ne sont pas arrivés ou sont partis précipitamment ; s’il raconte aussi des histoires qui ne sont pas historiques ; s’il sait prendre l’Histoire aux moments où émeutiers et historiens s’en détournent. Il a pour but de nous arracher à ce faux mandat que la société ivre de ses recettes tente de nous imposer. Il doit nous décaper, nous remettre à nu, nous ramener à nos origines, à notre émerveillement. Le cinéma n’est pas seulement divertissement mais avertissement. Il a ses nativités. Le cycle « Cinéma et Anthropologie »  est un outil de sens critique pour faire prendre conscience des asservissements qui ligotent notre pensée,  pour encourager à faire sauter tous les verrous dès que l’on porte un autre regard sur le présent, que l’on déplace des récits d’un registre à un autre, que l’on creuse plusieurs sillons de temporalité. Car la fiction se nourrit sans arrêt du réel, et le réel détourne constamment l’écrit de fiction.
La FMA et le SUAC de l’UHA vous proposent de partager leur conviction que le cinéma doit nous faire comprendre à tous que l’homme est l’attentif passager d’une terre dont les clefs ont été perdues par étourderie, que l’écran n’est pas un linceul ou un bâillon mais la toile derrière laquelle tout peut bouger, se réveiller.
Cycle de 5 séances présentées et animées par Claude Nosal, Professeur Émérite des Universités. Ce cycle, ouvert au public depuis 2016, s’intègre dans les cours de communication . A l’issue de la projection, commentaires et débats autour du film s’enrichissent des échanges entre les étudiants et le public.
D’octobre à décembre 2019, un weblog sécurisé, intitulé « Raconter le monde » sert de lien virtuel permanent aux étudiants et au public adhérent pour permettre la réflexivité partagée d’une expérience imagétique originale.
Adresse du weblog : https://hesychia.typepad.com/
raconter_le monde_2019
Identifiant :  FMA  / Mot de passe :  SUAC

Une originalité du cycle 8 : une Masterclasse d'anthropologie visuelle et sonore à destination du public extérieur, en présentiel et à distance.  

Kafka disait autrefois d’un livre qu’il « doit être la hache venant briser la mer gelée en nous ». C'est ce principe directeur qui dicte le schéma narratif structurant des cycles, construits autour de 5 moments successifs de longueur variable et d’un sixième nommé stammtisch; chaque moment devant être discerné, situé, distancié par rapport à un autre moment. Les cinématographies  montrées dans les différents cycles se veulent des lieux de liberté où les points de vue se croisent, s’interrogent et se répondent. Ce sont avant tout des aventures imaginaires. Par son hybridité généreuse, les moments de cinéma proposés dessinent un territoire passionnant où le regard cherche constamment à sonder sa propre énigme. Les appartenances culturelles, loin de mener au repli sur soi identitaire, s’ouvrent ici vers la générosité et la tolérance. Un film est toujours un don. Et un don se partage. Si les étudiants bénéficient d’une préparation à ce cycle dans le cadre d’un cours de communication, le public extérieur n'en bénéficie pas.  

C’est pourquoi, pour aller plus loin dans l'éducation d'un regard plus impliqué, j’ai proposé au public du cycle précédent, présent lors de notre stammtisch du 13 septembre, de participer à une sorte de Masterclasse d’anthropologie visuelle que j’ai intitulé « Ponctuations ». Je propose en effet aux personnes volontaires (6 actuellement) à penser le moment « cinéma »  sous la forme d’un journal d'itinérance cinématographique qui dirait les cinq moments cinéma dont ils seront les témoins lors de ce nouveau cycle. Ce journal constituera un passage du vécu au conçu.   Les textes de ces journaux peuvent laisser deviner ce qu’ils disent des moments dont ils sont les témoins ; ponctuer ces moments parce ce qu’ils peuvent être comme les silences qui donnent le sens à la parole qui s’écoule lors des débats.

 

L’écriture est et reste une manière privilégiée de se dire, de se mettre en sens dans le regard des autres, une passerelle jetée entre soi et l’autre, un chemin de signification qui soutient le rapport au monde. L’écriture est une manière de s’atteindre par un détour symbolique, et partant, de se contenir. Elle se fait miroir pour accéder enfin à la sensation d’un soi enfin accessible.  L’écriture donne prise sur le monde.

 

Lors du stammtisch qui clôt chaque cycle, ces volontaires réunis en groupe autour des moments de cinéma sont mis en situation de célébrer un collectif "cinéma", c’est-à-dire leurs façons d’être en accord et d’être en désaccord, d’être les mêmes et d’être différents ; parce qu’il est des choses qui ne se disent que dans le taire. C’est cela le sens du moment où se manifeste ce qu’on a le plus besoin de dire, et qu’on a du mal à dire. Le stammisch sera construit autour de ces textes selon un dispositif singulier intitulé «  lettres semées et lettres moissonnées ».

 

« Pour Agnès Varda,

l’important, c’est le point de vue,

l’attitude mentale envers un sujet… »